Fesse. Contre Cuisse. Contre dos. Contre bras. Contre fesse. Contre main. Contre vitre. Contre ventre. Contre dos. Contre cuisse. Contre sac. Contre fesse. Contre bras. Contre rampe. Contre corps. C'est vendredi soir, dans le RER A.
Ils sont là, mais ils ne sont pas là. Ils sont l'un dans la bouche de l'autre. Indifférents à la foule compacte et comprimée, cahotée et humide, épuisée et étouffée... ils s'embrassent. Goulûment. Ils sont perdus dans les corps, en corps à corps. Je ne vois que leurs deux têtes qui dépassent, au loin.
Il a de la buée sur ses lunettes, mais ses yeux sont fermés, ouverts sans doute sur un autre monde. Le monde où plus rien ne compte, que la bouche de celle qu'on embrasse. Elle a les cheveux en bataille, et le souffle court. Plus rien n'est important pour ces deux. Ni les freinages intempestifs, ni les longs arrêts imprévus dans le tunnel sans fin entre Auber et Chatelet.
Fesse. Contre Cuisse. Contre dos. Contre bras. Contre fesse. Contre main. Contre vitre. Contre ventre. Contre dos. Contre cuisse. Contre sac. Contre fesse. Contre bras. Contre rampe. Contre corps. C'est vendredi soir, dans le RER A.
La foule s'impatiente dans le noir. Quelques insultes fusent. Quelques impatients trépignent. Quelques silencieux se résignent. Immobilisés dans la foule compacte, les passagers sont changés en statue. Seuls les yeux voyagent. Vers les amoureux. Vers ces langues avides et ces yeux fermés. Vers ces bouches qui s'avalent et ces baisers en apnée. Qui commencent à mettre mal à l'aise. Les sourires complices se changent en mimiques outrées. Il y a des limites. Même dans le RER A. Apparemment.
Fesse. Contre Cuisse. Contre dos. Contre bras. Contre fesse. Contre main. Contre vitre. Contre ventre. Contre dos. Contre cuisse. Contre sac. Contre fesse. Contre bras. Contre rampe. Contre corps. C'est vendredi soir, dans le RER A.