Petit à petit, tu t'es séparé de tes compagnons d'aventure. Petit à petit, les locaux se sont vidés. Petit à petit, tu as revendu ton mobilier. Petit à petit, les murs se sont dénudés. Petit à petit, les volets sont restés clos. Cette lente agonie du plein vers le vide est arrivée à son terme. Tu jettes un dernier coup d'oeil alentours. De l'effervescence des beaux jours, il ne reste plus que la machine à café. Désormais rien qu'à toi les petits cawas. Ils n'ont plus le même goût d'ailleurs. Ton regard traîne sur le parquet finalement si peu usé. Tu te souviens le temps d'un flashback de la soirée d'inauguration. Famille, amis, tous étaient venus joyeusement célébrer ta nouvelle aventure qui débutait. Champagne et jambon à l'os, ça fleurait bon la réussite. Ivresse se conjugait avec success. Mais ce soir, il n'y a que toi, et tu t'es assis par terre pour déboucher la dernière bière abandonnée par les déménageurs. Etrangement, la première gorgée est amère. Il faudra que tu le signales à Philippe Delerm. Ce soir, pour fermer la porte définitivement, tu seras seul. Seul avec ta machine à café. Compagne inséparable, tu l'embarqueras sous le bras pour tourner la page. Haut les coeurs ami entrepreneur, toi au moins, tu pourras dire que tu as osé, et ça, c'est un vrai succès.
photo morguefile.